Femme rebelle ? En tous cas la première personne qui me venait à l’esprit ce n’était pas elle, pourtant, elle l’a été.
I have to admit it «Je n’ai jamais eu de bonne relation avec ma mère »(come on ! Je ne suis pas la seule quand même). Honnêtement, Je ne me rappelle pas avoir passer 30 minutes en discussion avec ma mère hormis la fois où elle a abordé la discussion là ! la fameuse discussion (vous voyez de quoi je parle non) : «Maintenant t’es adulte, éloigne-toi des garçons.» Blablaaa alors, comme on ne s’entendait pas trop, vous comprenez bien que je ne m’étais jamais intéressée à son histoire. Jusqu’à ce jour-là !
On parlait de modèles, de ce que je voulais devenir dans la vie quand elle a jugé important de me raconter une partie de sa vie !
Ma seule erreur, être fille
J’ai perdu ma mère quand j’étais en 5eme année primaire et une année après mon père ne voulait plus que je continuai l’école
Si j’ai fait les études avant, c’est parce que ma tendre mère avait plaidé auprès de mon père ! Mais maintenant qu’elle était plus là, c’était dur de convaincre mon père qui me disais « T’es une fille bon sang !! Reste là c’est ta place »,
J’étais jeune, je m’en foutais de l’école, alors j’ai arrêté.il m’a fallu un déclic pour y retourner. Le déclic a été le remariage de mon père. Je te jure que les fameuses histoires sur les marâtres ne sont pas que des contes, hélas non !!! Je n’avais même pas le droit de me servir à manger dans ma propre maison. Le bémol, ma marâtre a vendu l’héritage que m’avait laissé ma mère, ma vache Munyana c’est ainsi que je l’avais nommé, c’était tout ce qui me restait de ma mère. prétexte t’as dit ? Elle n’avait pas besoin de prétexte, elle m’a juste dit que j’en avais pas besoin vu que j’étais une fille. J’ai voulu me révolter mais mes arguments ne pesaient pas, pour une fois je m’en voulais d’être fille.
Nouveau moi
Il fallait que je m’éloigne d’elle et l’école me semblait une belle échappatoire. Il y avait une maîtresse, je l’aimais bien car elle était différente des autres femmes que je voyais, je voulais être comme elle, éduquée, respectée. Quand j’ai dit à mon père, mon désir de retourner à l’école, il s’y est opposé « On a déjà un bon parti pour toi, t’es encore jeune mais il a dit qu’il attendra donc tu restes là ! » sérieux !!!Je n’étais pas prête pour le mariage.
Le lendemain, je me suis levé de bonne heure et j’ai pris la route, direction Gitega. J’ai marché pendant de longues heures. De Muramvya à Gitega c’est pas vraiment la porte à côté surtout quand tu n’as pas de sou pour le transport. J’ai fini par demander un lift malgré les histoires douteuses que j’avais déjà entendu des lifts, après tout j’avais plus vraiment grand-chose à perdre. Quand je suis arrivé à Mushasha, je me suis dirigée à une école de sœur, je leur ai raconté mon histoire et faut dire que c’était une époque où la compassion existait encore, elles m’ont dit de rentrer et de revenir à la rentrée, bonus elles m’ont même donné de l’argent pour rentrer. A mon retour , on m’a accueillie avec un « yaco uguma wiyerereza uri umwana w’umukobwa, we ntubona ko uzodutukisha ! », vous pensiez que je leur ai dit la vérité ? Je ne suis pas folle. Comme quoi : toute vérité n’est pas bonne à dire.
La rentrée scolaire m’a permis de m’éloigner de ma marâtre, c’était une autre aventure qui commençait. Je ne l’ai dit à mon père qu’une fois arrivée à l’école à l’aide d’un messager. Durant le premier trimestre, je n’ai pas eu de nouvelles de mon père. Quand je suis rentrée pour les vacances, j’avais gagné une compétition de dessins au niveau provincial, J’étais tout excitée de le dire à mon père sauf qu’à mon arrivee j’ai trouvé ma chambre occupée, la femme de mon père me lâcha un : « tu t’attendais à quoi ? Tu es partie alors on a fait louer ta chambre » choc !!!!! Je me suis fait jeter dans ma propre maison, et mon père n’a même pas daigné lever le petit doigt !
j’espérais compter sur mes grandes sœurs mais hélas non!Elles étaient mariées et disaient que leurs mari ne voulaient pas de complications. il était temps de me débrouiller toute seule.j’ai du partir avec une soi-disant “bon samaritaine”(mon oeil) qui venait de la capitale. Elle tenait un restaurant et elle m’a promis hébergement à l’échange de mes services le temps des vacances. j’ai pu alors continué mes études (heureusement qu’il y avait les écoles internat).
Nul n’est prophète chez soi, really ?
Alors qu’elle racontait son histoire, moi j’étais choquée. Dire que dans les années 80, non j’exagère, ça s’est passé en 1968… il y avait des filles révoltées qui t’à faire la fugue pour chercher une école, des filles qui rêvaient d’être différentes. Des filles qui s’autorisaient à rêver dans une société où le fait d’être fille était une contrainte. J’avais l’impression de lire un roman, tellement ça ne lui ressemblait pas.
Le temps d’une pause, je l’ai regardé avec un regard nouveau ! de l’admiration ! et après j’ai reçu ma leçon. « Ikibano kirakengeretse » dit on ! et la bible que « nul n’est prophète chez soi », tout ça pour dire que parfois, on fantasme sur des clichés que la société nous vend, des modèles peints dans les normes de notre société en oubliant ces gens autour de nous aux parcours inspirants ! Femme rebelle ? En tous cas la première personne qui me venait à l’esprit n’était pas ma mère, pourtant, elle l’a été à une époque.