C’était comme un fou, un déviant ! Un Papa qui défile dans les rues avec des cartons de protections hygiéniques ! Non ! Pas un homme quinquagénaire qui se respecte.
Papa Mélissa était un Papa hors du commun, un incompris. À part les cartons de serviettes qu’il transportait aisément du marché jusqu’à la maison, il était très rare de voir d’autres papas de l’entourage faire des ballades avec leurs filles adolescentes dans une ambiance bon enfant.
Contrairement à nous qui sautions les clôtures (je ne dis rien), Mélissa et ses sœurs avaient droit à non seulement une permission de sortie mais aussi à de l’argent de poche pour les booms (Gen-Z vous savez c’est quoi les booms vous ? Laissez, harabaye). Parfois, il était notre invité non encombrant. Et en plus, ne pensez pas qu’il était intrusif comme certains Papa, non ! Mélissa pouvait s’enjailler en toute tranquillité avec ses copains sous le regard compréhensif de son daron ! Quoi demander de mieux qu’avoir un “daddy cool” comme Papa Melissa. En tout cas, les jeunes adolescents que nous étions à l’époque ne priaient que pour ça.
Cool mais …
Papa Mélissa n’était pas que “le daddy cool” qu’on voyait de l’extérieur. C’était aussi un Papa strict et très responsable. Et quand ils faisaient des bêtises, Melissa, ses frères et sœurs avaient aussi droit à des raclées. Papa Melissa avait compris que l’éducation de ses filles lui incombait tout autant que leurs mère.
Les filles, vous vous souvenez bien de vos ménarches ? Qui vous en a dévoilé le secret ? Était-ce avant ou après la tache rouge sur la jupe ? Une tante, une sœur, une cousine, probablement votre maman (là vous êtes encore plus chanceuse). Mélissa, ses frères et sœurs avaient droit à une séance d’éducation sexuelle complète depuis l’âge de 10 ans. Ils posaient des questions auxquelles leurs parents répondaient ensemble. Ils n’ont pas eu que « wigirwe kure abahungu » sans toutefois dire aux garçons aussi « mwigirwe kure abakobwa ».
Bref, maintenant que j’y réfléchis, je pense que Papa Mélissa avait un modèle de parenting qu’on devrait encourager. Au lieu de voir les darons que comme des pourvoyeurs, parfois même comme des animaux (je n’exagère pas, j’ai eu des amis qui avaient si peur de leur papas, qu’ils disparaissaient dans leurs chambres dès qu’ils les entandaient rentrer, espérant ne pas les croiser de la journée). Ils devraient être avant tout des amis, des conseillers et puis nos parents.
Honneur à toi Papa Melissa, j’ai même plus tes nouvelles 😌