Si « umuryambwa aba umwe agatukisha umuryango », qu’en est-il du cas contraire ? cette question je me la pose à presque 3 heures du matin à l’hôpital. J’avais souvent entendu des gens se plaignant des services dans les hôpitaux publics, pourtant mon expérience a été autre grâce à cette infirmière.
Je ne connais pas son vrai nom, mais j’ai entendu certains l’appeler Chantal, les autres muvyeyi, et d’autres qui confondent docteur et infirmière l’appeler Muganga. Je ne lui ai pas demandé son nom, quand on s’est croisé pour la première fois, J’étais en mode panique ! Voir ma mère admise à l’hôpital et dans la réanimation ne m’était pas familière.
C’est fou mais à mes 25 ans, c’est la première fois que je vais « kugwaza » (ne fronce pas les sourcils, ça arrive) et je panique parce que je me demande si je vais réellement y arriver. Quand je l’ai aperçu, ma panique n’a fait que s’accentuer. D’après les on-dit, les infirmières « barashishwe ».
Je l’aborde pour la première fois, elle ne sourit pas. Normal, l’hôpital n’est pas le Marrakech du rire, ici les gens, souffrent, meurent… ils ne sont pas là pour rigoler. Elle me répond sur mon bonjour timide par un « Ni we waje kugwaza unomusi ? », Je pense qu’elle a remarqué la peur dans mes yeux et essaie de me tranquilliser. « T’inquiètes pas, je sais que le service de réanimation fait peur mais ça va bien se passer» oups, je pense qu’elle n’a pas saisi ce qui me fait réellement peur mais bon, jouons le jeu.
Des patients, un semblant de famille
Contre tout attente, elle me dit : « viens, je vais te montrer les endroits qui te seront utile », honnêtement je suis surprise, d’après encore les on-dit, j’avais cru comprendre que personne ne te montre rien dans un hôpital public, encore moins les infirmières ! que tu vas seulement les voir venir t’insulter quand t’as mal fait les choses alors qu’elles ne t’ont pas rien montré.
Chantal commence par la toilette, les poubelles, les endroits où faire la lessive, tout…Et maintenant face au service dans lequel j’allais passer des jours.
C’est ma première fois en réanimation, il n’y a pas beaucoup de gens et j’ai l’impression que tout le monde se connaisse. Des grands rideaux séparent les lits et aident à procurer un peu d’intimité. On remarque facilement les nouveaux venus, et à chaque fois ils prennent des nouvelles de tous les patients. Hier, la dame a pu rentrer avec son enfant, ou bien, ce matin, on a amené un enfant qui a un accident, allons voir comment il va, On demande des questions du genre, comment va ton malade� et des fois l’humour prend place aussi.
Quand j’arrive, Chantal commence à me briefer, on dirait qu’elle me présente sa famille. Et quand je parle de présenter, je parle aussi de plaidoyer, elle me présente ceux dans le besoin plus que les autres.
Elle, c’est Diane. Son fils Kevin souffre depuis un mois et elle n’a personne pour lui amener de la nourriture. S’il te reste de la nourriture, ne l’oublies pas.  Elle pourrait aussi faire de la lessive pour toi en échange de l’argent pour qu’elle ait à manger, ça serait bien. Tu sais ici on s’entraide, si tu manques de quelque chose dis le.
On passe au lit suivant, Lui, c’est Gad, il a eu un accident de moto, il n’a que sa mère. Ils habitent loin et ne peuvent pas non plus avoir quelqu’un pour leur apporter de la nourriture.
La dame du lit suivant, je pense qu’elle va sortir bientôt. Son mari passe des fois mais la plupart du temps elle est seule. N’hésite pas à aller lui dire bonjour des fois
En écoutant Chantal, l’admiration ne cesse de grandir pour elle, certes elle ne sourit pas mais elle est très attentionnée même dans la manière dont elle parle avec les patients. Ce qui me touche le plus c’est sa manière de plaider pour ces autres malades en difficultés. Quand j’arriva au lit de ma mère, elle me rappela, si tu oublies, au lieu de faire des bêtises, appelle-nous, la cabine des infirmières est là  !elle s’en alla me laissa avec ma mère.
Ma mère aime aussi Chantal puisqu’elle me confie qu’en service de réanimation c’est les infirmières qui s’occupent de la toilette des patients, et qu’elle aime bien quand c’est Chantal qui lui fait sa douche parce qu’elle est attentive,
En entendant les éloges qu’on fit de Chantal, je compris finalement que malgré la réputation des infirmières certaines font honneur à leur métier.