Jeune, belle comme toutes les autres femmes dans leurs vingtaines et innocentes comme la plupart d’entre elles, j’ai choisi la grande route sans hésitation mais la vie a pris une autre tournure.
Originaire de l’une des provinces du centre du pays, j’ai eu la chance d’avoir un grand frère ici en mairie. Je n’avais donc pas à m’inquiéter de savoir où j’allais vivre après l’université, contrairement à la plupart de mes copines. Elles vivaient chez leurs oncles et tantes et savaient que le dernier jour de l’examen de troisième année marquait la fin de leur “indaro”. Pour moi, mon grand frère est comme mon deuxième père. C’est lui qui nous a élevés depuis la mort de mon père et il faisait tout pour nous rendre heureux. D’ailleurs, dès que j’aurais terminé mes études, j’allais travailler dans l’une de ses entreprises en attendant de décrocher un bon emploi.
La grande erreur
J’étais en couple avec Didier. Je l’aimais de tout mon cœur, lui aussi m’aimait, bon je crois. Le problème c’est que cette relation était « ntiza ikaramu ». Didier était au départ un copain de classe. Il était gentil, attentionné, organisé, et j’ai fini par tomber amoureuse de lui. Nous avions ainsi planifié notre vie à deux, sans le moindre sou. Nous étions convenus de nous attendre, de chercher ensemble et de nous marier dès que les moyens le permettraient.
Un jour, alors que je travaille comme comptable dans un grand hôtel, je rencontre Don. C’est un garçon beau et agréable. Il me fait un peu penser à Didier, mais lui est financièrement stable. Plus on discute, plus je tombe amoureuse de lui. Il me promet monts et merveilles et j’oublie vite Didier. Avec lui, la vie est quand même un peu plus sûre que nous avons déjà fixé la date du mariage. Après quelques mois de flirt avec Don, je lui annonce la nouvelle. Il ne faut quand même pas que mon pauvre chéri continue à croire qu’on est ensemble. Sauf que Don va se volatiliser dans moins de douze mois, me laissant le cœur brisé. Je vous épargne les détails.
Retour à la case départ
Après presque une année de bataille contre la dépression, je suis hospitalisée dans une clinique privée à Buja. Soudain, j’aperçois le visage de Didier surgir de la petite porte. Je regarde mon téléphone portable : il est 18 h 31. Il me sourit avant de me tendre une enveloppe, c’est comme dans un rêve. J’essaie de retenir mes larmes de joie, mais elles me trahissent. Il me demande si j’ai mal quelque part, essuie mes larmes et s’assoit près de moi. Je sens que je l’aime toujours et qu’il me manque terriblement.
À suivre…