Jeune, belle comme toutes les autres femmes dans leurs vingtaines et innocentes comme la plupart d’entre elles, j’ai choisi la grande route sans hésitation mais la vie a pris une autre tournure.
Mon séjour à l’hôpital fut plutôt court. Après trois jours d’injection, on décide de me laisser aller prendre les comprimés à la maison “le paludisme que j’ai n’est pas si grave”.
Didier continue de m’envoyer des textos pour prendre de mes nouvelles, et apparemment, ces textos ne me laissent pas indifférente. Après m’être remis, j’ai le courage de lui demander un rendez-vous. Il est temps que je m’excuse. Ce jeune homme ne mérite pas la trahison que je lui ai infligée.
La rencontre …
Le rendez-vous est fixé dans un bar-restaurant de la capitale. Ce n’est pas très chic (il ne faut pas que je lui montre que j’ai pris goût au luxe), mais c’est moyennement chic et surtout, calme.
Je mets ma belle robe rouge, mes ballerines dark blues et mes dorés, puis je prends un taxi pour le lieu fixé. J’arrive dix minutes avant l’heure convenue. J’aurais bien aimé arriver un peu plus tard pour qu’il admire à quel point j’étais bien mise et splendide dans cette robe qu’il m’avait offerte trois ans auparavant, mais il fallait aussi que je sois sérieuse. Après ce qui s’était passé, entre « l’opération séduction physique » et le fait de se montrer sérieuse, le choix était clair.
Didier arrive à 18 h 11 alors que je commence déjà à m’inquiéter. Ce n’est pas dans ses habitudes d’être en retard. Il surgit tout à coup de la porte, visiblement épuisé, mais toujours aussi beau malgré la fatigue. Je sens mon cœur battre la chamade, la sueur surgit de je ne sais où, la moule au ventre…
« Désolé chérie, mon supérieur m’a donné un travail à faire à la dernière minute! «
Chérie ? Moi qui t’ai trahie pour un homme riche et était prête à me marier avec lui, tu m’appelles « chérie » ? Ce mot ne fait que renforcer ma culpabilité et je me sens à bout de souffle. Je peine à me tenir debout, ne fut-ce que pour le saluer.
Le silence… puis le nouveau départ
En le regardant avec peur dans ce silence accablant, je remarque un autre détail important : il porte un uniforme de travail. Mon « ntiza ikaramu » a donc eu du travail. J’ai honte de moi.
Après un long silence, durant lequel j’essaie de digérer tous ces petits détails qui réveillent de vieux démons, Didier rompt le silence. « Alors, comment vas-tu ? Tu es toujours aussi belle, tu m’as tellement manqué… »
Ces mots me redonnent le courage de poursuivre la discussion et de demander pardon, comme prévu. Didier se montre très compréhensif, me remercie pour la démarche d’avoir osé demander pardon et me propose de nous remettre ensemble. Ce fut le plus beau jour de ma vie.
A suivre…